La Guadeloupe
Toussaint 1994 : vingt ans de mariage. Je propose que nous allions découvrir la Guadeloupe, d’autant qu’un collègue y était Proviseur-adjoint d’un Lycée Professionnel, et qu’il nous avait invités. Comme les enfants avaient insisté pour venir avec nous, nous avions choisi d’aller dans une résidence hôtelière du Gosier et un pack de visites organisées qui nous occupaient un jour sur deux, ce qui nous laissaient la moitié du séjour pour nous retrouver avec Michel. En ces temps anciens où internet était encore dans les limbes, la communication était épistolaire, et quelques jours avant notre départ nous reçûmes une lettre dans laquelle il nous souhaitait un bon séjour, mais que lui serait en Métropole pendant ces vacances. Ce fut un choc ! et je me suis senti trahi. J’ai mis du temps à m’en remettre, mais, et surtout maintenant qu’il nous a quittés, je pense à son excellente cuisine, aux nombreux tableaux qu’il nous a offerts, et surtout à la merveilleuse petite graine qu’il avait semée en moi et qui a germé une vingtaine d’années plus tard.
Nous avons malgré cette déception beaucoup aimé la Guadeloupe, avec ses couleurs qui nous rappelaient celles de BoraBora, les balades dans une jungle aux senteurs africaines, et bien entendu la plage et la mer dont la température était…tropicale. Pour compléter, nous avons effectué une balade en bateau à fond de verre pour admirer coraux et poissons. Là encore, les souvenirs envahissaient nos têtes.
Nous avons été surpris de voir la façon dont les Guadeloupéens briquaient leurs tombes en ces temps de Toussaint, et nous avons même dû patienter un jour en voiture derrière un enterrement avec orchestre en tête : j’imagine que cela ressemblait à ce qu’on peut trouver en Louisiane, même si c’est un pays dans lequel je ne suis jamais allé.
Enfin, sans doute le point d’orgue de notre séjour, notre visite aux Saintes, îles protégées des voitures, même si elles sont surtout dédiées à l’accueil des touristes. Nous avions une guide d’origine européenne et ça faisait tout drôle de l’entendre passer du français que nous pratiquons vous et moi au créole : le bilinguisme existe vraiment, et les gens ont beaucoup de chance de pouvoir maîtriser également deux langues. Et nous avons eu le bonheur de visiter le Fort Napoléon avec un guide local qui possédait un humour dévastateur.
Après cette courte période « estivale », il était temps de retrouver les brumes automnales bordelaises.
Et ce n’est pas fini…