Sécurité à l'école
Ainsi apparaissent le chiffre des exclusions définitives -17 000- et celui des exclusions temporaires (même si l’on peut avoir des doutes quant à l’exactitude de ce dernier, sûrement sous-évalué). Je m’attends à voir la majorité des syndicats monter au créneau pour protester, car si j’ai bien compris il est bien indiqué que ce n’est pas une manière de gérer les élèves.
En effet, j’ai eu l’occasion de présider plusieurs conseils de discipline, qui aboutissaient en général à une exclusion définitive (car vu la lourdeur de cette procédure, j’ai presque toujours évité de convoquer un conseil de discipline pour un simple rappel à la loi), et j’avais toujours un sentiment d’échec. Si on en arrivait là, c’est que tout le reste avait échoué, et la pression de la communauté éducative (enseignants, mais aussi parfois –et de plus en plus- parents) devenait trop prégnante pour échapper à cet acte éducatif ultime.
Debarbieux insiste lourdement sur le travail dans la durée et la stabilité des équipes, ce qui devient de plus en plus difficile à envisager : la suppression des postes, leur transformation en heures supplémentaires qui entraînent l’embauche de ces précaires sans droits et sans formation qu’on appelle « vacataires » pour un maximum de six heures par semaine, et qui, bien entendu, n’ont aucun espoir de pouvoir continuer dans le même établissement l’année suivante, même s’ils ont donné entière satisfaction. Alors, quid de la stabilité dans ces conditions ? On encourage les chefs d’établissement à proposer des heures supplémentaires aux titulaires ; mais avec les conditions de travail qui se dégradent, notamment les incivilités ou les actes de violence qui se multiplient, comment les gens accepteraient-ils ce fardeau supplémentaire ?
On nous serine aussi que la nomination de personnel supplémentaire n’est pas la panacée. Pourtant, je me souviens d’un collège en Zone Urbaine Sensible (qui avait toutes les caractéristiques d’un collège « Ambition réussite ») dans lequel j’ai pu piloter un travail sur le fond grâce à la présence de cinq aides-éducateurs dont les derniers ont disparu –sans être remplacés par quiconque- en 2007.
Et que dire de ces étudiants actuels qui vont se retrouver propulsés devant une classe à la rentrée sans aucune formation : il sera intéressant de voir le nombre de démissions provoquées par une erreur contre laquelle ils n’auront pas été prévenus. A mon avis, et malgré ces « Etats généraux », on n’est pas sortis de l’auberge !
Et ce n’est pas fini…